Le Cloud souffre encore en 2016 de quelques inconvénients gênants, dont celui du manque de diversité des bases de données hébergées. Chaque Cloud, à l’exception d’Amazon, ayant ses propres bases, relationnelles ou non et ne faisant pas beaucoup d’efforts pour en accueillir d’autres.
Autre inconvénient, la migration d’un même système de bases de données d’un environnement On Premise vers le Cloud, n’est pas aussi évidente qu’on voudrait nous le faire croire, ne serait-ce que parce que l’on est loin de retrouver dans le Cloud les mêmes prestations qu’en mode On Premise. En particulier dans le détail opérationnel et SQL des versions de bases.
Un service de migration opportunisteC’est dans ce contexte qu’il faut situer le service de migration d’AWS (AWS Database Migration Service), qui n’était disponible jusqu’à présent qu’en mode « preview », mais qui est désormais libéré pour tous les usagers d’Amazon.
Ce service concerne les bases de données relationnelles, Oracle en premier lieu, mais aussi SQL Server, MySQL, MariaDB et PostgreSQL.
Il prend en charge des migrations « naturelles » d’Oracle vers Oracle par exemple, mais aussi des migrations entre plates-formes hétérogènes, telles qu’entre SQL Server et MySQL.
De plus le service permet de passer d’une base locale vers Amazon RDS ou Amazon EC2, les bases s’exécutant sur EC2 vers RDS et réciproquement, de même qu’entre 2 bases RDS.
Ca c’est ce que prévoit la théorie.
En pratique ce sera quand même beaucoup plus compliqué, car tout dépendra de la version exacte des bases de données, des spécificités de chacune d’elles, la migration de SQL Server vers MySQL ou MariaDB, ne pouvant pas se faire par un simple utilitaire, mais nécessitant le plus souvent une véritable conversion, accompagnée de scripts de réécriture des tables.
Un outil de conversion ciblé AWS
Amazon propose déjà un outil de migration : AWS Schema Conversion Tool, qui prévoit des migrations de schémas depuis une base Oracle ou SQL Server vers Amazon RDS, ce dernier étant une sorte de container susceptible d’héberger n’importe quel moteur de base relationnelle, parmi 6 possibles : Amazon Aurora, Oracle, SQL Server, PostgreSQL, MySQL et MariaDB.
L’outil de conversion peut être utilisé sur n’importe quelle machine Windows, Mac ou Linux et comporte un utilitaire qui traduit automatiquement le schéma de base locale vers un autre schéma, qui dépend de la cible retenue. Comme le précise Amazon, tout ne sera pas automatique, ce serait trop beau et il faudra plutôt considérer l’utilitaire comme un guide d’accompagnement, un recueil de bonnes pratiques, pour passer d’un schéma à l’autre.
On passe aux choses sérieusesDepuis que le service AWS de migration a été mis en place en preview en début d’année, certains utilisateurs (privilégiés ?) ont déjà effectué des opérations lourdes, tels qu’Expedia et Pegasystems, qui ont migré plus de 1000 bases de données. Et Amazon de préciser qu’un tiers de ces opérations n’a pas seulement consisté à migrer du local vers le Cloud avec le même système de base de données, mais ont été au contraire le prétexte pour changer de contexte de bases.
De plus, Amazon, qui fête actuellement ses 10 ans d’existence, précise que ses services de bases de données lui ont rapporté 1 milliard $, loin devant Oracle pour le même type de prestations dans le Cloud (535 millions $).
L’avantage du prix
La politique d’Amazon a toujours été de casser les prix. Ce qui dans le contexte de sa lutte contre Oracle est particulièrement spectaculaire, la tarification AWS étant à des années lumières de celles pratiquées par Oracle. Ce qui n’a rien de surprenant quand on connaît Oracle. Les prestations ne se situant pas, il est vrai, au même niveau.
Dans le cas du service de migration qu’AWS vient de libérer, le prix à payer par les clients sera uniquement celui des ressources mobilisées pendant l’opération. 3 $ par exemple par TB de données. Sachant que ce n’est pas là qu’AWS trouvera un intérêt financier, mais bien dans la dépendance future de ses clients vis-à-vis de ses propres solutions, une fois la migration terminée…
C’est ça le piège. Et les utilisateurs sont prévenus.
Commentaires récents