Le gouvernement fédéral américain a décidé d’investir près de 4 milliards $ dans la voiture autonome dans les 10 ans à venir. Une très grosse somme qui témoigne d’abord de ce qu’il y croit et considère qu’il s’agit d’un débouché crédible pour les structures industrielles du pays.
Avec en point de mire quelques « mirages », tels que l’espoir d’une baisse des accidents de 80 % (!!!) en 2040 (selon KPMG), l’automatisme complet des livraisons et une augmentation de la productivité, grâce à la récupération du temps perdu bêtement dans les embouteillages (ça nous sommes d’accord).
Admettons. On peut toujours rêver.
Au sein de l’administration américaine c’est le NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) qui est un peu la bible dans ce domaine, une agence qui a défini, entre autre, ce qu’elle entend par véhicules autonomes.
5 niveaux de conduite assistée
Elle a pour cela distingué 6 niveaux de conduite, plus ou moins assistée.
Le niveau 0 est celui où le conducteur continue de tout contrôler : conduite, freins, accélérateur, démarrage, etc. A ce niveau c’est vous qui conduisez le véhicule. Ouf. Il ne compte donc pas dans le décompte final.
Le niveau 1 est dit semi-autonome. Ce qui veut dire que la plupart des fonctions de conduite sont assurées par le pilote, à l’exception de certains éléments, tels que le freinage, qui peut être assisté par l’électronique de la voiture. Un système que l’on connaît depuis des années.
Avec le niveau 2, le NHTSA considère qu’au moins 2 fonctions sont automatisées, comme la régulation de vitesse, le maintien au milieu de la voie de circulation, de manière à ce que le conducteur ait les mains et pieds de libres, quitte à ce qu’il ait à intervenir à tout moment, en cas de problèmes. On est déjà là à un niveau élevé d’automatisation, bien qu’il ne permette pas de se plonger dans le dernier épisode des aventures d’Harry Potter.
Avec le niveau 3, le conducteur est toujours dans la voiture (merci de le préciser, encore que l’on ne voie pas très bien à quoi servirait la voiture s’il n’y a plus personne dedans…), mais délègue à l’électronique du véhicule la totalité des fonctions de conduite et de suivi.
Le conducteur étant à même d’intervenir, là encore à tout moment, si un obstacle se présente ou constate une situation non prévue. C’est au fond un peu la même chose que le 2, avec un niveau d’automatisation plus élevé.
Le niveau 4 semble le plus abouti, puisque le véhicule est entièrement automatisé, non seulement dans la conduite proprement dite, mais aussi dans la prise en compte de son environnement : conditions de sécurité particulières, détection et traitement de pannes spécifiques, remplissage du réservoir d’essence, le véhicule étant informé de la localisation des intervenants externes : stations, garages, etc.
Dans ce cas, le « conducteur » peut dormir sur ses deux oreilles, il n’a plus rien à faire.
C’est un véhicule de ce niveau 4, que le constructeur Tesla prévoit de livrer en 2018.
Certains organismes font état d’un niveau supplémentaire, le 5, qui est totalement automatisé, sans que soit prévu l’intervention d’un conducteur humain.
Et le plaisir dans tout ça…
Il est probable que les marketers de tous horizons vont s’en donner à cœur joie, pour nous convaincre de ce que la voiture autonome et « intelligente » est faite pour nous, qui va nous débarrasser de toutes ces contraintes « ridicules » telles que tourner le volant ou appuyer sur la pédale d’accélération.
A vrai dire nous ne sommes pas convaincus du tout. Car hormis pour des livraisons et certains trajets qu’il faut sécuriser, ils oublient une chose essentielle, que la conduite peut aussi être un plaisir et une détente. Qui permet de nous évader et de penser à autre chose.
C’est peut-être du temps de perdu, surtout avec les congestions en centre-ville, mais où allons-nous si nous ne pouvons plus insulter les automobilistes qui auraient eu le malheur de nous doubler ou de nous croiser avec des phares un peu trop brillants.
Pour avoir entendu quelques accrochages verbaux croustillants entre certains conducteurs, cela nous manquerait que ce soit notre véhicule qui s’adresse à un autre véhicule automatisé, pour lui demander s’il a eu son permis de conduire dans une pochette surprise où s’il est sûr que son oxygène monte encore au cerveau (en restant polis).
Ces véhicules seront sans doute très utiles, mais attention quand même à ce qu’ils ne contribuent pas à pourrir nos journées et à les rendre aussi grises que le temps.
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