Oracle vient de procéder à toute une série d’annonces qui vont dans le sens de l’Intelligence Artificielle, devenue un élément essentiel de la stratégie de Larry Ellison. Lors du récent Open World 2017 qui s’est tenu à San Francisco, c’est avec l’IA en arrière-plan que neuf nouvelles versions de produits ont été présentées, qui globalement constituent un maillage clair et compréhensible par les utilisateurs. Même si tous les outils ne sont pas disponibles.

Pour Oracle, le spinnaker, cette grand-voile qui fait voler les bateaux, c’est l’Intelligence Artificielle. En tout cas, il est manifeste que l’éditeur mise tout sur elle et pas seulement dans le domaine des bases de données. Ce que confirment les annonces marquantes effectuées lors de la grande manifestation OOW17 de San Francisco.

La migration des bases de données dans le Cloud

Mark Hurd, CEO d’Oracle, a rappelé lors de son « keynote » qu’Oracle compte aujourd’hui plus de 480 000 utilisateurs pour sa base de données et que pour une bonne partie d’entre eux, va se poser la question du basculement des charges de travail dans le Cloud. Actuellement il n’y a, selon lui, que 14 % de la production qui est passée sur le Cloud, mais cette part devrait monter à 80 % en 2025. Il va donc fatalement y avoir un problème de base de données, puisqu’il faudra retrouver les mêmes avantages des SGBD Oracle sur le Cloud, que ce dont on dispose actuellement « On Premise ».

On pourra certes toujours implémenter une instance du SGBD en mode IaaS, mais cette option est plus de notre point de vue une forme d’hébergement de ressources, qu’une véritable transition vers le Cloud.

Oracle en est bien conscient qui se prépare au grand mouvement, avec une version Database 18c déjà présentée il y a quelques semaines, dont la principale caractéristique est d’être autonome et de ne pas nécessiter l’intervention des utilisateurs pour l’essentiel de ses opérations courantes.

Mais Oracle insiste bien sur le fait que cette base ne sera autonome que si elle est instanciée sous forme de service Cloud, c’est-à-dire administrée par Oracle lui-même, aussi bien sur le Cloud qu’n mode « On Premise ». Les deux sont inséparables.

C’est cette carte que veut jouer Oracle, qui s’estime le mieux placé pour offrir un service de haut niveau, conforme à un moteur qui n’a plus à faire ses preuves. En fait, Oracle veut continuer à jouer les IBM de la base de données, même si le champ d’activité se déplace dans le Cloud.

La différence sera que son principal concurrent s’appellera Amazon avec RedShift ou Aurora, d’où le soin qu’apporte Larry Ellison à démontrer que le règne d’Amazon est terminé « game is over ». Mais ça, c’est Larry Ellison…

Quant à l’apport de l’IA dans l’offre 18c, c’est justement sur l’automatisation des services et leur simulation cognitive, car il s’agira bien de remplacer des personnels humains, que se fera la différence. Oracle sait bien qu’il ne peut pas se permettre de dégrader ses services, au contraire, il doit être plus performant, plus résilient et réactif aux aléas de la production, ce que seule l’IA pourra lui fournir.

Evidemment tout cela ne se fera pas en un jour, mais Oracle est confiant sur sa capacité à s’imposer, comme il l’a toujours fait dans son domaine de prédilection des bases de données.

Il se confirme que l’Intelligence Artificielle va jouer un grand rôle dans les prochains grands logiciels métiers. Qui va nous libérer d’une part non négligeable des tâches d’administration qui leur sont propres.
Oracle et le Big Data

On se souvient qu’Oracle avait annoncé il y a quelques mois le contenu d’une offre « Oracle Big Data Cloud », une solution construite sur des briques Hadoop et Spark, conformément à la référence ODPi, également respectée par HortonWorks, Microsoft (des inséparables) et IBM.

Ce système est désormais doté d’un « Oracle Event Hub », basé sur l’incontournable Kafka d’Apache (bus d’intermédiation) et de l’outil « Oracle Stream Analytics », qui est une réécriture du moteur de traitement des évènements complexes d’Oracle sur Spark d’Apache.

Au plan purement IA, le président d’Oracle, Thmas Kurian, a annoncé « AI & ML PaaS », qui met en œuvre les principales API d’IA, apparues récemment, TensorFlow, Keras et Caffe, avec deux contextes possibles, soit directement en mode « bare metal », soit dans une machine virtuelle.

Cette fois, Oracle va se retrouver en concurrence avec Amazon, bien sûr, mais aussi avec Microsoft et Azure, qui fait de gros efforts pour acquérir une crédibilité qu’il n’a pas encore tout à fait.

Mais là aussi, Oracle a des raisons d’être optimiste, car il dispose de plusieurs outils destinés au Big Data dans le Cloud, en particulier le regroupement de deux services qui existaient déjà : Oracle Vizualisation Cloud Service et BI Cloud Service, qu’il « dope » avec de nouvelles fonctionnalités, pour aboutir à une offre complète de traitement du Big Data, dont on sait très bien qu’elle pêche le plus souvent par manque d’outils d’analyse crédibles. Désormais regroupés sous un chapeau unique, les « Analytics Cloud » seront susceptibles de traiter des problématiques de découverte, préparation, analyse et prédiction, propres au monde du Big Data.

Parmi les compléments annoncés, nous releverons surtout son « Natural Language Insights », un produit d’analyse Big Data en langage naturel, ce que nous croyons être l’une des grandes évolutions à venir en matière de requêtage. Et qui, bien entendu, fait largement appel aux technologies d’IA.

Le sentiment général

On peut reprocher beaucoup de choses à Oracle : son incapacité à « sentir » certains marchés, comme le NosQL, les bases de données mobiles ou celles destinées aux capteurs. Mais dès que l’on aborde la grosse artillerie, les grandes applications transactionnelles, le Big Data, le BI sur les entrepôts de données, Oracle est incontournable, pour la simple raison que les clients de ces applications, sont déjà ses clients des grandes bases de données relationnelles.

Ce qui explique d’ailleurs qu’il ait pu imposer des tarifs, quelque peu dissuasifs, que l’ensemble de la profession considère hors de propos. L’éditeur bénéficie d’une sorte de monopole de fait, aucun concurrent n’ayant jusqu’à présent réussi à se hisser à son niveau de fonctionnalités et de performances.

Les annonces d’OOW17 nous semblent en tout cas, particulièrement importantes pour Oracle, du fait de la part essentielle que va prendre l’IA dans ses outils.

On change véritablement de dimension et les produits modernes seront plus autonomes, intelligents et dotés d’assistants cognitifs, pour la « tranquillité » des usagers.

Attention, Oracle ne sera cependant plus seul, car Microsoft, Salesforce, Amazon et quelques autres vont lui tenir compagnie. La bataille sera rude.