En 30 ans, nous avons connu deux grandes révolutions d’usage de l’OS. Celle que nous allons vivre maintenant, la troisième, risque d’être beaucoup plus dérangeante.
Dans les années 90, quand il fallait faire quelque chose avec un PC, nous devions taper des XCOPY, DIR et autres CHKDSK de MS-DOS. Avec l’arrivée de Windows et de la souris, l’interaction s’est faite par l’intermédiaire d’une couche graphique, plus simple, mais qui nous a éloigné de la machine.
Cette fois, c’est avec le navigateur et l’assistant que nous allions communiquer. Au point que nous ne savons plus très bien ce qu’est un système d’exploitation, à quoi il sert et la manière de communiquer avec lui.
Ce scénario de disparition de l’OS au profit d’une autre interface, est-il envisageable ?
Que peut-il se passer concrètement ?
Essentiellement deux nouvelles évolutions
La première et nous l’avons souvent fait remarquer, est liée au rôle primordial que tient et va tenir le browser dans le SI, sur le poste de travail.
Côté applicatif, le client est désormais quasiment toujours une page HTML, même augmentée d’artifices que peuvent lui procurer des API de complément, telles que jQuery ou Angular.
De nombreux logiciels de productivité, à commencer par Outlook et Office, sont aussi en train de basculer d’une présentation de client lourd vers une page HTML. Certes avec, pour l’instant, quelques réductions fonctionnelles énervantes, mais la différence entre les deux mondes diminue à chaque nouvelle release.
Côté infrastructures, c’est la même chose. WebRTC est une norme de téléphonie qui assure le lien sonore et vidéo entre deux navigateurs, pas entre clients lourds comme autrefois. Skype et ses concurrents vont suivre la même voie, qui est déjà planifiée.
Au point que notre interlocuteur sera quasiment toujours le browser, celui-ci assurant les connexions avec le système d’exploitation.
La seconde évolution est plus aléatoire. Elle concerne les assistants qui devraient selon les prestataires se développer dans les années à venir. Qui vont se charger d’une tonne de services, que nous n’aurons plus à solliciter directement.
Comme tout le monde ce genre d’affirmation nous a fait sourire et nous nous sommes même offusqués de ce qu’un assistant puisse nous transformer en légume.
Ca n’arriverait jamais. C’est certain.
Sauf que récemment nous nous sommes surpris à taper sous Windows 10 dans la petite fenêtre réservée aux demandes (Taper ici pour rechercher), en bas à gauche, « où se trouve le menu pour déconnecter le pare-feu » de notre machine. Temporairement, bien sûr. Nous aurions pu chercher nous-mêmes et nous aurions trouvé. Mais non, nous sommes passés par l’assistant.
Car le pire dans cette affaire, est que l’on s’habitue et que l’on finit par intégrer l’idée qu’un programme associé à notre poste de travail puisse nous seconder, voire nous remplacer pour certaines tâches…évidemment secondaires.
D’autant que ces assistants ont un avantage considérable sur nous. Le fait qu’ils sont connectés en permanence à d’autres outils : appareil photo, messagerie instantanée ou « normale », réseau social, agenda, etc, qu’ils peuvent activer à tout moment, sans que nous ayons à lever le petit doigt. Que vous le vouliez ou non, on s’habitue.
Or, avec ces assistants, c’est tout un pan des interactions avec l’OS qui nous échappe, avec pour conséquence de nous éloigner encore un peu plus.
Mais alors que nous restera-t-il du système d’exploitation. A vrai-dire pas grand-chose. De sorte que si cet OS est Windows ou Linux, voire autre chose, cela ne changera pas quasiment rien à nos habitudes. L’important étant que l’interface avec les outils, bureautique, téléphone, navigateur, moteur de recherche, etc, ne change pas.
Google l’a bien compris et avec lui les trois autres membres du GAFA, Microsoft, Amazon et Apple, qui veulent mettre des assistants partout, dans les consoles de jeux, dans les télévisions, dans les smartphones et tablettes, dans tout ce qui nous permet normalement de communiquer, y compris dans les boîtiers de domotique.
Et évidemment, nous négocierons avec ces assistants oralement, puisque ce sera la seule interface commune à tous ces outils.
Après quelques années d’usage, comme le sous-entend Google, nous ne serons pas plus concernés par l’OS que par le BIOS d’aujourd’hui. Vous savez cet écran bleu (ça porte malheur) qui nous permettait de définir le disque à partir duquel la machine allait « booter » et paramétrer les partitions d’usage. Aujourd’hui nous ne savons même plus ce qu’est un disque ou une partition. Alors le chemin est déjà à moitié fait pour les assistants. Bienvenue à eux.
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