Pour des raisons qui sont encore très nébuleuses, le président Trump a fait en sorte d’interdire le marché américain, à Huawei, qu’il considère comme un repaire d’espions.
Si votre compagnie éprouve des difficultés de trésorerie ou a du mal à conserver ses clients, il vous reste toujours une possibilité. Faire en sorte de vous faire interdire par Donald Trump. Apparemment, si l’on en croit les chiffres annoncés par Huawei pour son 3 ème trimestre 2019, c’est une excellente thérapie, sans douleurs et aux résultats garantis. Qui vous boostera vers des sommets insoupçonnés.
Il faut dire qu’il y a de quoi être étonnés.
Malgré les incertitudes de la conjoncture et le fait que le marché américain lui soit désormais fermé, l’équipementier chinois montre une santé florissante, avec un revenu sur le 3 ème trimestre 2019 de 86 milliards $, en augmentation de 24,4 % par rapport à celui du même trimestre de 2018. Progression qui s’accompagne d’une amélioration de 7 % de son résultat brut.
Dans le détail, Huawei fait état de la livraison de 185 millions de smartphones pour les trois premiers trimestres 2019, soit 26 % d’augmentation et de la signature de 60 contrats commerciaux dans le domaine de la 5G, avec livraison de 400 000 antennes dites « massive MIMO », spécifiques de cette technologie.
Parmi ces contrats, au début octobre 2019, Huawei a signé avec le telco malaisien Maxis pour déployer sa technologie sur l’ensemble de son réseau 5G .
Huawei aurait pu craindre que l’Allemagne, toujours pour les mêmes raisons de dictat américain sur le commerce, ne se range aux « recommandations de Donald Trump. Il n’en est rien et sur le marché 5G, Huawei relève une collaboration accrue des allemands, bien que ceux-ci aient émis des contraintes sécuritaires très élevées et malgré les espions déguisés en processeurs, cachés dans chacune des antennes et smartphones à l’enseigne de l’empire du milieu…
Huawei a réussi en quelques années à dépasser Cisco, n°1 incontesté des équipementiers réseaux. Avec l’arrivée de la 5G, dont il est l’un des principaux acteurs, Huawei – et ses résultats le prouvent- n’a pas grand-chose à craindre de Donald Trump.
Pour ce qui la concerne, la Commission Européenne n’a pas suivi les américains et les australiens et se contente de faire remarquer que de toute façon, la 5G va augmenter les risques sécuritaires, ne serait-ce qu’à cause de l’usage de la virtualisation des réseaux, qui sera pratiquée à grande échelle sur les nouvelles installations. Elle s’inquiète aussi du fait qu’il ne serait pas raisonnable de ne faire confiance qu’à un seul fournisseur, qu’il soit Huawei du fait de sa position dominante ou un autre.
En termes diplomatiques, comme les européens ne veulent pas se fâcher avec Trump, ils préservent la chèvre et le chou. Ce que les romains appelaient une « ponce pilatude ».
Globalement, hormis les pays qui par tradition suivent les « ukase » américains, la plupart des grands pays industrialisés n’ont pas suivi le « grand leader ». Même les britanniques se sont ouvertement prononcé contre cette stratégie et ce dès les premiers ennuis d’Huawei.
Reste que chez nos amis britanniques, compte tenu de la rigueur de leurs processus diplomatiques, qu’ils ont largement démontré ces dernières semaines, rien ne dit qu’à l’occasion d’un brexit dur et sous la houlette de Boris Johnson, ils ne fassent pas machine arrière.
Pendant ce temps, Huawei travaille et amasse les dollars. Chacun ses objectifs…
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